Philippe
Gache : « Une équipe très homogène »
Ancien pilote de circuit, Philippe
Gache s’est lancé dans le rallye raid en montant sa propre écurie, avec
l’objectif de construire de buggys capables de rivaliser avec les véhicules d’usine.
Après trois expériences consécutives et une 28ème place au classement général
l’année dernière, Gache espère continuer sa progression, le vent actuel
soufflant favorablement pour les buggys. L’autorisation du système de
gonflage-dégonflage automatique pour ce type de véhicules devrait l’aider à
atteindre son but. « Pour la première fois, nous arrivons aux
vérifications avec des véhicules totalement prêts. C’est un vrai confort, nous
sommes beaucoup plus sereins, et surtout nous n’avons aucun stress avant le
départ, ce qui est toujours un meilleur état d’esprit pour partir. Avec nos
quatre buggies, l’équipe est vraiment homogène, puisque Henri Pescarolo et moi
pourront montrer les couleurs de l’équipe aux avants postes, tandis que Ronn
Bailey et Bernard Errandonea joueront plutôt placés. C’est une vraie
satisfaction pour moi de voir les quatre voitures rangées les unes derrières
les autres, aussi belles, dans le parc d’attente. En tant de directeur de SMG,
ça signifie que j’ai déjà réussit une partie de mon travail. Pour le reste,
c’est la course qui décidera, mais je suis confiant. Comme tous les autres
membres de l’équipe d’ailleurs. »
Ronn
Bailey : « J’ai hâte d’en découdre »
Ronn Bailey a découvert le rallye
l’année dernière. Il n’a pas dépassé le Maroc, mais fait déjà partie des
inconditionnels du rallye. Cette année, il a mobilisé de gros moyens pour
monter un projet ambitieux, en confiant à Philippe Gache la construction d’un
buggy adapté. « Je suis tellement content d’être là ! On peut enfin dire
qu’on est fin prêt. La voiture est à la fois fiable et performante et, grâce à
Philippe Gache, j’ai pu améliorer ma technique de pilotage. Je disais l’an
dernier que je rêvais d’une place dans les vingt premiers. J’étais alors très
loin du compte, mais je pense qu’on peut y croire vraiment cette année. Et
pourquoi pas être un jour le premier Américain à gagner le Dakar ? En tous
cas, j’ai hâte d’en découdre. »
Henri
Pescarolo : « Content d’être là »
Quand il sort de son buggy zébré de
vert, il a le sourire. Henri Pescarolo est de retour sur le Dakar après deux
ans d’absence, et cela le ravit. « Nous sommes contents d’être là »,
glisse-t-il. Porté par une bonne saison d’endurance, le pilote manceau a pu
trouver « une petite quinzaine » pour venir concrétiser les nouvelles
ambitions de son sponsor principal, Technov, qui souhaitait engager une voiture
sur l’épreuve. Pescarolo se présente sans avoir pu beaucoup rouler avec son
engin. « A peine 3 heures à Alès », avoue-t-il. Mais le quadruple vainqueur
des 24 heures du Mans ne se formalise pas pour autant : « Je vais
essayer de ne pas oublier que tout ne se joue pas au Portugal et en Espagne et
profiter du début pour la prise en main du buggy ». L’insatiable
compétiteur a bien sûr des objectifs bien définis sur le 28ème Dakar.
« Mon but est de me positionner entre la 30ème et la 20ème place au début
du rallye, autour de la quinzième au milieu et d’accrocher peut-être la dixième
au final ».
Dakar : La nuit fut
longue [07/01/06 - 09:15]
Alors que le Buggy Technov était enfoncé dans un entonnoir de dunes, sans
lumière, Pescarolo et Le Gal sont parvenus à rejoindre le bivouac mais à quel
prix ! Le grand « Riton » eut du mal à se sortir de l'habitacle, il raconte
sommairement avant de chercher son kiné :
Marie-France Estenave
Henri Pescarolo :
tout à reconstruire !
Dakar : Avec une
fracture du coccyx , il poursuit son aventure [09/01/06 - 14:27]
Par sécurité, Henri s'échappait en catimini sur la piste de l'aérodrome de
Zouérat, « simple vérification de routine », une
pointe à 200 pour voir la réaction du Buggy, afin de partir armé.
L'intervention pliée, Didier Le Gal qui venait de mettre la main à la patte,
son côté mécanique reprenant le dessus, en oubliait de relever les way-points
de la journée ! Ils feront défaut à l'équipage mais les galères vécues par la
suite, feront oublier cette étourderie.
Tout se compliquait par la suite : « Le fil rouge
de cette journée catastrophe se décompose en plusieurs épisodes car dans ce
genre de galère, les unes s'enchaînent derrière les autres. Il y avait
longtemps, se rappelle Henri, que je
n'avais pas vécu un pareil combat. A la droite d'un arbre mort, je suis rentré
dans un erg plus pourri que les autres ! De petites dunes farineuses sur
lesquelles tu grimpes et tu t'en sors. Je suis tombé sur le piège intégral,
elles se terminaient par un canyon… »
L'équipe restait groggy
durant quelques minutes par la violence du choc. « Nous avons mis un bout de temps
poursuit Henri, pour réaliser où nous étions. Sur place, le constat fut vite
établi : plus de phares ! Le Buggy est un engin solide, preuve à l'appui. Trois
cents kilomètres encore à couvrir avant la tombée de la nuit, c'était jouable
mais il ne fallait pas lambiner…. »
Le Buggy Technov, en deux roues motrices reprenait la piste avec la prudence
qui caractérise le pilote mais une douleur au niveau du postérieur se fait de
plus en plus ressentir. L'homme est dur au mal et continu. La nuit pointe,
encore des bornes à couvrir alors Didier Le Gal, en électricien avisé (c'est le
poste qu'il occupe au Pescarolo Sport) bidouille une réparation de fortune.
« La
visibilité offerte ressemblait à celle d'une lampe frontale » ironise Henri Pescarolo.
Et ce qui devait arriver, arriva… le Buggy plongeait dans un entonnoir de
dunes, impossible de s'en sortir seul. « Nous avons attendu le camion d'assistance
rapide, le T4 de 19 heures à 3 heures du matin pour franchir l'arrivée derrière
lui, un meilleur éclairage nous était offert. »
Henri Pescarolo se présentait aussitôt à l'hôpital de campagne planté sur le
tarmac de Atar. Le résultat du jour devenait secondaire, son classement acquis
s'effondrait par la faute d'un canyon. Après des radios effectuées sur place,
Henri s'était effectivement fracturé le coccyx plus inquiétant, sa colonne
vertébrale et celle de Didier Le Gal s'avérait chiffonnée. Mais, rien
n'arrêtera l'équipage en charge d'une mission, celle de rallier dimanche
prochain. A Nouakchott après avoir couvert sans la moindre difficulté la
spéciale venant de Atar et longue de 508 km, pour le confort des fesses de «
Pesca », Luc Alphand lui cédait un petit coussin muni d'un système de gonflage
– dégonflage comme sur le Buggy Technov ! « Un vrai confort », reconnaissait le pilote
qui à chaque montée et descente de l'habitacle ressent de réelles difficultés.
Marie-France ESTENAVE
© CAPSIS International
Philippe Gache est
reparti après quelques craintes
A l'attaque de
la douzième étape [12/01/06 - 16:26]
Sérieusement endommagé, l'engin pansé et soigné, est reparti pour l'étape
marathon entre Bamako et Labé en Guinée.
Philippe est reparti ce matin. Il était 23ème au CP 2, niveau km 294 de la
spéciale qui en compte 368, suivie d'une liaison de 307 km sur une piste en
latérite comme celle où ont atterri ce matin, la caravane des avions, au nombre
de vingt !
Marie-France ESTENAVE
© CAPSIS International